Apprendre aux enfants le vivre ensemble

Apprendre aux enfants le "vivre ensemble" en déconstruisant les stéréotypes

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Chaque jour, à plusieurs reprises, ils s’immiscent dans nos pensées, à notre insu et tentent de nous imposer une vision simple, rapide et directe du monde qui nous entoure.

De qui parle-t-on ? Des stéréotypes ! Et les exemples sont faciles à trouver : “un vrai casse-cou, c’est normal pour un petit gars de son âge!” , “Ma fille est nulle en maths, elle est comme moi” (dixit la maman), “Femme au volant la mort au tournant”. 



Comprendre les stéréotypes

Ces raccourcis sont en fait des mécanismes humains très utiles pour appréhender le monde sans avoir à faire d’effort en permanence ! Ils nous aident à comprendre le monde qui nous entoure plus rapidement : , c’est aussi eux qui nous font dire “Il pleut, je prends mon parapluie”. Ils nous permettent ainsi d’agir rapidement sans réfléchir. Notre cerveau est à l’économie, cela lui évite la surchauffe permanente dans laquelle il serait si on devait tout questionner en permanence !


Ce processus de simplification du réel, le marketing l’a bien compris : les marques mettent en avant des univers différents pour les filles et les garçons mais aussi de manière plus générale pour les femmes et les hommes pour faciliter l'achat et augmenter les ventes. Dans ces univers opposés, la douceur, l’esthétisme et les mondes féériques (par exemple la licorne) sont réservés en priorité aux filles alors que la force, l’agilité et la réalité de l’action (par exemple Action man) sont l’apanage des univers masculins. 


Mais ces modèles globalisants et simplifiés limitent le champ des possibles et freinent le développement des compétences. Prenons un exemple tout simple du quotidien : le choix des chaussures. Avez-vous remarqué que les sandales pour filles ont souvent des semelles très lisses contrairement aux sandales de garçons avec leurs bonnes semelles anti-dérapantes ? Ce qui est mis en avant pour les chaussures de filles c’est avant tout l’esthétisme alors que pour les garçons c’est le confort et la robustesse. La conséquence directe est qu’il est plus compliqué de courir et grimper : les filles feront moins de jeux qui demandent de bouger (foot, toboggan, épervier,...) ou y seront maladroites (non pas de leur fait mais de leur équipement). 

 

Quels impacts sur les enfants ? 

De nombreuses études de psychologie sociale ont mis en avant d’autres conséquences de ces stéréotypes, notamment le fait qu’ils influencent le comportement de l’enfant, ainsi que la façon dont il/elle traite des informations, que celles-ci soient positives ou négatives. 

Par exemple, il ressort d’études que si l’on répète à des filles qu’elles sont moins fortes en mathématiques que les garçons, il y a de grandes probabilités qu’elles réussissent moins bien sur un exercice donné de mathématique et inversement pour les garçons.

Finalement, lorsqu’on le met en acte, le stéréotype se transforme alors en un préjugé. Par exemple, dans la cour de récréation ou dans les jeux des enfants, lorsqu’on interdit à une fille de jouer au foot ou à un garçon de faire de la corde à sauter uniquement parce que ça ne serait pas de son genre, …


Sensibiliser les enfants aux stéréotypes ?  

Comment réagir face aux stéréotypes véhiculés par les enfants ? Comment ne pas les limiter et les cloisonner dans des rôles genrés ? Mais aussi comment les armer pour faire face à des situations sexistes ou discriminatoires auxquelles ils pourraient être confrontés ?

Même s’il n’y a pas de recette miracle, en tant que parent ou professionnel de l’enfance, nous pouvons accompagner les enfants dans ce processus en leur montrant que les modèles véhiculés ne reflètent pas la complexité du monde et qu’il est important d’avoir un esprit critique sur les choses. Par ailleurs, en tant qu’adulte il est aussi de notre devoir de leur montrer que ces raccourcis sont limitants et peuvent générer des impacts négatifs pour ceux et celles qui y sont confrontés.  

Les lectures, les jeux, les catalogues de jouets ou encore les rayons de supermarchés sont autant d’occasions de questionner les normes de genre. Par exemple : posons-leur la question : « pourquoi à votre avis, les boites de playmobil marquetées « pour filles » sont-elles remplies de licornes et celles « pour garçons » de policiers ? » et ensuite demander leur ce qu’ils en pensent. 

Encourageons-les et valorisons les qualités et compétences que l’on n'a pas souvent tendance à associer à un sexe ou un autre. Par exemple, pour une fille valorisons son courage, sa force, sa détermination et pour un garçon, sa délicatesse, son empathie ou sa capacité d'écoute. Nous avons pour cela la technique du compliment descriptif. Nous pouvons dire par exemple : "Tu as joué avec ta soeur à la bagarre sans lui faire mal, c'était délicat de ta part." ou encore "Tu n'as abandonné ton exercice de math alors qu'il te paraissait difficile, tu as été courageuse et persévérante."

Finalement, soyons tolérant vis-à-vis de nous-mêmes ! On ne déconstruit pas les représentations normées de la société en un jour, ni seul. Par contre, la déconstruction de ces modèles commence par un premier pas et ce premier pas est souvent la prise de conscience du problème et de nos propres limites.


Nadège Dazy, spécisliste en éducation non stéréotypée & Anne Peymirat


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